Où on retourne au Bois pour regarder des hommes se vautrer sur d'autres hommes...

Publié le par Titony

Je vous vois venir bande de chenapans... Vous vous dites que je suis tombé dans le graveleux avec ce titre. Je vous arrête immédiatement, tel que l'aurait fait le lieutenant d'alguazils Armando  Del Potro ou l'inquisiteur général Fernando de Valés y Salas. Pas de ça chez nous...
Non... ce titre s'explique par une discussion que j'avais eue pendant les travaux de la chambre de princesse de Jezabel avec mes deux comparses William et Dove. Une conversation sur les femmes et le meilleur cadeau à leur offrir. Cette conversation avait ensuite dévié sur les moyens de séduction. A la froide et intelligente logique du Lord, Cousin Dove avait opposé un concept radicalement novateur: le marketting. Je n'ai pas tout compris mais grosso modo, il faut adopter une formule tape-à-l'oeil, courte et simple pour attirer le chaland. Ca fonctionne parfois avec les femmes et ça peut servir à tout vendre...
"Moi, pour séduire, je n'ai nul besoin de long discours ou de compliment galamment tourné. Il me suffit de dire que j'ai 27 centimètres de viande kascher dans mon pantalon que le Tout Puissant a placé là pour assouvir les plaisirs des dames et le tour est joué! J'emballe comme personne!" nous avait dit mon cousin... Personnellement, je ne vous conseillerais pas de tenter le coup avec une grande dame...

Enfin, faisons fi de ces ennuyeux prolégomènes et entrons dans le vif du sujet: les demis finales du Tournoi de Soule. Vous vous souvenez que ces rencontres devaient opposer les Catalans aux Sarrazins d'une part et le Stade Français aux Corsaires de la Rade d'autre part. 

Or donc voici que nous nous retrouvions une nouvelle fois dans la tribune de bois au milieu de tout le gratin parisien, en compagnie du sémillant Massimo Mazzini, de son Altesse le Duc d'Anjou et sous le regard torve de Sir fancis Walsingham. Je sentis tout le malaise de Lord Guerinshire, sans pour autant comprendre pourquoi il craignait tant cet individu...

Je le compris par la suite: cet homme était plus fourbe, plus retors, plus froid, plus rancunier, plus vil, plus méchant (en un mot comme un seul: Anglais) que tout le Tribunal du Saint-Office réuni... et ce n'était pas peu dire. Cependant, je me refuse de dévier de mon sujet initial, lequel est beaucoup plus léger pour déflorer trop prématurément des éléments ultérieurs de ce récit.
Cependant, ce fut avec grand plaisir que nous retrouvâmes notre fantasque ami italien, lequel était à lui seul tous les personnages de la Comedia dell'arte: tantôt Arlequin, Scaramouche, Mascarille, Pantalon, Covielle... mais ni Capitan ni Matamore, quoiqu'il en eût parfois le caractère fanfaron (après tout, les Italiens avaient créé ces deux personnages pour nous caricaturer nous autres espagnols qui à l'époque, étions les maîtres des deux Péninsules).

Ce fut donc dans la joie et la bonne humeur que la première demi-finale débuta. Je remarquais immédiatement que les Catalans avaient un nouveau joueur: une sorte d'arme secrète, un géant hirsute que je reconnus immédiatement pour l'avoir croisé une nuit dans le Morvan. BASAJAUN! Décidément, pour faire rendre gorge à ces ignobles hérétiques sans honneurs, qui au lieu de nous combattre sur le champ de bataille se livraient à une course impitoyable contre notre flotte de l'or, les Catalans employaient tous les moyens possibles. Et je ne les aimais que plus...
Les Sarrazins abandonnèrent le terrain au bout de vingt minutes seulement. S'ils étaient courageux, ils furent totalement dépassés par l'ouragan sang et or qui s'abattit sur eux. Un équipage de Janissaires à l'abordage d'une galère de l'Ordre de Malte n'aurait pas fait pire. Il n'y eut fort heureusement pas de mort à déplorer mais une bonne moitié de l'équipe ne mangerait plus que de la soupe pendant plusieurs mois après ce carnage. Fallait-il se réjouir de cette parodie de match? Pas vraiment... Mais bon, en tant qu'Espagnol, je ne pouvais qu'apprécier de voir des hommes de la perfide Albion ainsi châtiés par les nôtres.

Le match suivant devait opposer mes amis toulonnais aux parisiens, l'équipe favorite de Cousin Dove. Massimo Mazzini nous avait promis "una sorpresa meravigliosa. Costumi da bagno come voi n' ne hanno mai visto."  Grosso modo, il voulait dire: un truc encore plus moche que la dernière fois, comme si c'était possible. Un pour la première mi-temps, un pour la seconde. Et une bonne image valant mieux qu'un long discours:


Je me demande encore comment il avait réussi à faire imprimer un truc pareil sur des tabards de soule... Mais l'Italien était impresionnant de créativité, il fallait bien le lui reconnaître.
Outre Dimitri Loréalevitch et El Mago, le Stade Français avait pas mal d'atouts: Ignacio Corletto (un moine italien défroqué), Rodrigo Roncero (un Espagnol qui avait passé 10 ,ans sur les galères), Marc le Gazier, le Père Noël (un chanoine de Notre Dame de Paris)... et le ridicule de leur acoutrement ne faisait que les rendre plus redoutables.

Pour les Corsaires de la Rade:
1 Gu "le Nervi"
2 "La Brique"
3 Aldo "le Borgne"
4 "Le Tigre"
5 Firmin "Dents de Plomb"
6 "Le Grand"
7 "Le Sicilien"
8 "L'Indien"
9 "Le Patron"
10 Ange "Chausseur de Cailloux"
11 André "le destroncheur"
12 Hamish Mac Enroe
13 Mani Sapapaya
14 Gu "le Fatigué" (alias Hong Kong Foufou)
15 Theostikos Andreopoulos

Inutile de préciser que cétait là la fine fleur des poètes et autres gentilshommes de fortune qui peuplaient la cité toulonnaise. On les avait surnommés "La Horde Sauvage" tant ils avaient causé de dégâts dans les tavernes parisiennes ces derniers temps. D'ailleurs, pour plus de commodités, les autorités locales avaient décidé de les loger en un lieu où ils seraient bien traités, parmi la fine fleur des nobles prisonniers du Royaume de France: dans la Bastille. Les alguazils avaient décidé de ne les libérer que pour les jours de match et les Corsaires de la Rade  s'accomodaient fort bien de leur sort, étant donné qu'ils avaient tout ce qu'ils voulaient .

Le match en lui même fut assez plaisant... quoique les Corsaires, ayant par trop abusé de pastis, d'aïoli, d'anchoïade, de tapenade, de ribaudes eurent du mal à entrer dans le match. El Mago avait trouvé le chemin des poteaux à trois reprises tandis que le Rodrigo Roncero était allé à dame. C'était donc sur un bien peu flatteur 14 à 0 que les deux équipes firent une pause. Les supporters toulonnais étaient circonspects mais rien n'y avait fait. Les Corsaires n'étaient que l'ombre d'eux-mêmes.
Le match reprit: coup d'envoi parisien, un toulonnais à le réception. Celui-ci prend la foudre. Coup de sifflet. Là, il met du temps à se relever et on entend dans le silence: "Tu te prends pour une chèvre???!!!! Relève-toi, plastrasse, tu vas abîmer la pelouse!!!!" Seule une vieille femme échevelée était capable de tenir des propos pareils... et cela eut son effet. Sur la mêlée, le pack parisien explosa littéralement à l'impact, reculant sur plus de 50 mètres. La machine toulonnais venait de se mettre en branle. Comme me le dit un voisin de tibune, un chauve au regard vide: "les mouches ont changé d'âne, la cabanne est tombée sur le chien et ces ignobles voyous vont gagner". Encore un qui avait sa place au fond de la Rade me dis-je. L'essai fut transformé. 14 à 7! Là, on y croyait de nouveau, et je me mis à pousser à l'ubisson du public rouge et noir, au grand désespoir des gens dans la tribune...
El Mago, auparavant digne de son surnom, ne faisait plus de passe à la main, rendant la balle à ses adversaires par des coups de pieds hasardeux. La peur le rongeait, il n'était plus bon à rien. Gu le Fatigué alla à dame en enrhumant cinq adversaires. 14 partout. puis 14 à 19 en faveur des Corsaires à la suite d'un essai en coin d'André le destroncheur. La fin du match fut une boucherie... et se solda par la victoire des vaillants toulonnais 37 à 14. Le terrain fut envahi par la foule en délire tandis que les nobles mangeaient leurs chapeaux...

Publié dans Récit

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T
Quid de la suite de ces aventures picaresques, bigarrées et rocambolesques, Compadre ?<br /> La substantifique moelle de ton inspiration se serait-elle tarie, ou bien es-tu trop occupé par ailleurs pour pondre encore quelques tirades et inventer de nouvelles algarades ?
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T
<br /> je suis victime de manque de temps... j'ai un déménagement à gérer ce qui me tient éloigné de mes aventures. pas de panne d'inspiration... heureusement pour moi.<br /> <br /> mon retour en ligne se fera d'ici peu :p<br /> <br /> <br />
S
Que l'on a en commun !!!<br /> "ça te dirait un ice-cream avec mon ami et moi ?"
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S
13 Mani Sapapaya !!!!!
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T
<br /> et oui, jj'ai des super références ^^<br /> <br /> <br />