Où on arrive à Toulon et qu'on y passe une semaine

Publié le par Titony


Vers le quatorzième jour de janvier, je décidai de quitter la cité de Marseille pour entamer mon périple vers Paris, capitale du Royaume de France. Cependant, je fis un détour pour me rendre en la ville de Toulon, sise quelques lieues à l'Est de Marseille, et où la Santa Maria y Esmeralda de la Santa Cruz devait être amarrée...
Le trajet à cheval fut d'autant plus rapide que mon fidèle valet Roberto et moi-même avions acheté de bonnes montures. Deux gentilles juments dociles: la mienne se prénommait Rossinante et celle d'Arnaldo... (enfin de mon fidèle valet) répondait au nom de Fortunée.
Toulon est une ville située au creux d'une très belle rade bordée par de hautes collines et fermée par la presqu'île de Saint Mandrier. Son port et sa cité étaient ceints d'une muraille et, depuis 1524, la ville était défendue par la "Grosse Tour" ou Tour Royale. En l'an 120 avant notre ère, cette ville qui se nommait alors Telo Martius devint romaine... Elle fut par la suite une des deux teintureries impériales de pourpre, colorant naturel de couleur rouge, grâce à l'exploitation des Murex et des cochenilles du chêne kermès, alors dominants sur son territoire.

La ville fut un repaire de pirates souvent pillé par les Sarrazins et qui, selon les périodes servit de point de départ vers des expéditions visant à razzier l'est de la Méditerranée. Toulon acquit son statut de ville de construction navale sous le règne du roi Charles VIII. Elle fut occupée en 1524 par les troupes de notre glorieux empereur Charles... et servit d'abri à la flotte du corsaire barbaresque Barberousse et à ses 30 000 hommes en 1543, au moment où le roi de France avait fait alliance avec le Grand Turc, Soliman contre notre bien-aimé empereur Charles. Plus près de nous, en 1564, la ville avait reçu les honneurs d'une visite de l'actuel roi de France, Charles IX.

Autour de la cité s'étalent différents faubourgs:
- Saint Jean à l'est (qui est le repaire de la raille la plus dangereuse de la ville, dirigée par un bandit de grand chemin dénommé Escartefigue)
- Le Pont du Las (un des fleuves débouchant dans la Rade) à l'ouest
- Le Mourillon au sud est (dont la raille contrôle la poudrière)
- Besagne au pied des murs.

Chacun de ces faubourgs, ainsi que la cité, était aux mains de ce qu'on nomme ici "Railles", c'est-à-dire des bandes de malandrins qui contestent l'autorité royale et qui rançonnent les commerçants de leur territoire respectif. Je pénétrais donc a priori dans un endroit fort infréquentable. Cependant, après moult recherches, je parvins à trouver une auberge fort accueillante dans le faubourg de Besagne, la Roue Svelte, qui était le repaire de la Raille dite des "Fils de Besagne", des hommes charmants, gouailleurs et passionnés d'un jeu nommé "SOULE", une sorte de pugilat collectif autour d'un ballon dont j'aurai l'occasion de reparler plus tard.
Donc, mes quelques jours dans cette ville étrange et dangereuse car il fallait éviter les règlements de comptes entre railles rivales, les malandrins embusqués, les faux prophètes, les lépreux, les courtisanes de bas étage, les duellistes grecs, les rénégats maures, les esclaves affranchis, et autres empoisonneurs italiens... 
La devise du gouverneur de la cité, est:
La justice pour tous, les faveurs pour mes amis, ce qui en dit long sur le mode de fonctionnement de cette ville.

Il y a quand même un point noir à ce tableau idyllique: c'est la circulation. Impossible pour deux chariots de se croiser sans engendrer une intolérable panique, ce qui cause de nombreuses rixes qui alimentent les règlements de compte, etc.

Je passai donc quelques jours dans cette ville oubliée de Dieu en compagnie des Fils de Besagne qui m'initièrent aux us et coutumes des gens de Provence, ce qui par la suite, s'avèrerait d'une utilité incontestable.

Publié dans Récit

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