Où avec Jezabel, Cousin Dove et Sancho, on se bat contre des malandrins et on fait de nouvelles rencontres...

Publié le par Titony

Nous quittâmes la maison du Cousin Dove le plus discrètement possible. La nuit était désormais passablement avancée et une pluie fine et froide tombait sur nous. Il nous fallait regagner la Tour Jean Sans Peur, dans laquelle nous pourrions passer une nuit en toute sécurité et qui, ainsi en avions nous décidé, deviendrait notre "quartier général"... Ou plutôt notre point de chute... Enfin ce serait là où on allait habiter.
Nous arpentions les rues glissantes sans échanger la moindre parole et, si nous pouvions tous sentir l'inquiétude des autres, nous n'en fîmes pas mention. La nuit, les rues de Paris sont désertes, pas éclairées et rares sont les gardes qui prennent le risque d'y patrouiller. Certes, il était moins fréquent de glisser sur la pointe d'une épée à Paris qu'à Madrid, mais la capitale du Royaume de France demeurait fort dangereuse.

Nous étions presque arrivés lorsque nous entendîmes au coin d'une ruelle étroite et obscure une musique qui en ce lieu semblait irréelle. Un homme chantonnait et ses mots ne me disaient rien de bon:
Vis par l'épée
Combats par l'épée
Glisse et meurs sur mon épée.

La pauvreté de la rime n'avait d'égal que celle de l'expression. Quant à la mélodie, elle était tout simplement affligeante. Il était évident que nous n'avions pas face à nous un poète.

"Ola, chicos y chiquitta! Ne me demandez pas pourquoi je me tiens face à vous avec ces quelques camarades... Je vous invite donc à vous mettre en garde." Nous suggéra l'inconnu.
La réponse de Cousin Dove fut des plus inattendues: "Monsieur, étant donné que vous et vos camarades voulez nous occire, j'espère que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je me passe un peu de cet onguent sur mes mains."
Jezabel me jeta un regard interrogateur puis demande à mon cousin: "Quel est cet onguent?"
- Voyez-vous, damoiselle Jezabel, cet onguent rend mes mains plus douces car il contient un quart de crème hydratante. De plus, son parfum à la lavande est des plus agréables...
- Vous me le prèterai?
- Assurément. Conclut le négocianteur.
- Ca m'intéresse aussi. Dis-je.


L'inconnu se râcla la gorge bruyamment, un signe d'impatience sans doute. "Vous le dites si on vous dérange..."
Je dégainai ma rapière et la pointai vers les hommes qui nous faisaient face, aussitôt imité par mon valet et mon cousin. Quant à Jezabel, elle sortit de sa robe un pistolet... et un fouet(!!!???).
- Mi amor, comptes-tu te battre?
- Si Antonio. Mon pistolet c'est Desperado et mon fouet, c'est Polprédo.
- Et votre cheval? demanda Dove.
- Stupido. Cette vieille carne est une sacrée plaie... et alcoolique en plus.
- Un cheval alcoolique? Ca c'est intéressant!

L'inconnu se râcla la gorge une seconde fois et un de ses acolytes se jeta sur ma bien aimée, laquelle le cueillit d'une balle dans la tête. Cela n'eut pas l'effet dissuasif escompté. Notre situation, qui n'était pas entièrement défavorable tant mon cousin était une fine lame, tant Sancho montrait des talents d'escrimeur insoupçonnés et tant Jezabel maniait fouet, pistolets et couteaux avec dextérité. 
Nous avions réussi à mettre hors de combat quatre opposants mais la lutte prit une autre tournure quand Sancho reçut une balle dans l'épaule. A la vue de son père blessé, la señoritta se jeta à son secours. Nous nous retrouvions donc à deux contre huit. Je ne comprenais pas pourquoi personne n'intervenait, étant donné que plusieurs coups de feu avaient éclaté et que nous enchaînions les passes d'armes avec grand bruit et fracas d'acier.
Là, ça devenait vraiment critique. De plus, nous entendîmes des pas dans la ruelle... nos adversaires attendaient des renforts!

Quatre coups de feu résonnèrent dans la nuit pluvieuse et deux spadassins tombèrent face contre terre. Les deux hommes qui venaient de fendre la nuée de nos adversaires vinrent se placer à nos côtés, provoquant un moment de panique chez eux. Nous fûmes ravis de voir arriver cette aide providentielle. Les deux hommes venaient de renverser le cours de ce combat et nos adversaires ne s'y trompèrent pas: ils prirent la poudre d'escampette.

- Rentrons à la Tour Jean Sans Peur, dit un des deux inconnus dont le visage était masqué par son chapeau et son haut col, votre ami abesoin de soins le plus rapidement possible.
- Comment savez-vous?
- Inutile d'en parler dans la rue. Dépêchez-vous! Nous poserons les questions plus tard!
- Comme il vous plaira.

Quelques minutes plus tard, nous étions enfin arrivés. J'ordonnai à une servante d'appeler un mire le plus prestement possible, tandis que Jezabel restait auprès de Sancho.
Nos deux inconnus jetèrent leurs chapeaux et leurs capes sur un des fauteuils du salon éclairé par le feu de la cheminée. Il étaient tous les deux  vêtus de très riches atours et l'un des deux était même maquillé. Cousin Dove s'inclina devant l'homme maquillé et me frappa sur la tête pour que j'en fît de même.

         

- Messieurs, je suis Henri, Duc d'Anjou et le gentilhomme à ma droite est lord William Guerinshire, un bon catholique du Sussex.
- C'est un honneur de recevoir votre altesse entre nos murs. Sachez que mon Cousin Dove et moi-même, Antonio De La Santa Crutcha vous devons la vie.
- Prenez ceci, Señor Antonio. C'est un sauf-conduit pour venir me voir demain à midi au Louvre. Il serait inconvenant que nous nous entretenions de diverses affaires à une heure aussi avancée de la nuit. Inutile de nous faire raccompagner, nous ne logeons qu'à quelques pas de l'ex Hôtel de Bourgogne.

A peine étais-je arrivé à Paris que j'avais appris que mon amoureuse était une espionne, que mon oncle avait été tué, que j'étais au milieu d'une machination politico diplomatique, que j'avais retrouvé mon cousin, qu'on avait failli être tué par des inconnus, qu'on avait été sauvés par le propre frère du Roi de France... et aussi que Sancho avait été blessé par balle. Après une journée pareille, je ne désirais plus qu'une chose: dormir.
Cependant, la servante qui s'en était allée quérir le mire revint. Je conduisit ledit homme jusqu'à Sancho, qui par chance n'était pas sérieusement blessé, la balle ayant traversé la chair de son bras.
Cousin Dove alla s'installer dans des appartements adjacents aux nôtres et ainsi prit fin cette journée peu crédible...

Publié dans Récit

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S
Oh oui, oh oui... encore !
Répondre
T
<br /> <br /> Madre de Dios! C'est qu'il s'oublierait mon Saint favori :p<br /> <br /> <br /> <br />